Un jour de 1936, entre Siano et Catanzano, deux petites villes italiennes, on découvrit le corps d'un jeune homme de 19 ans, Giuseppe Verardi. Il gisait sous un pont, recouvert uniquement de ses sous-vêtements. On trouva ses vêtements répandus un peu à l'écart. Les autorités de Siana décrétèrent que Giuseppe s'était donné lui-même la mort. La famille et les amis du jeune homme accueillirent ce verdict avec scepticisme car on voyait mal comment une simple chute de 10 mètres pouvait être à l'origine de toutes les blessures dont il portait les traces.
La mort de Giuseppe était une affaire classée depuis longtemps lorsque, le 5 janvier 1939, un drame étrange se déroula dans la petite ville. L'actrice principale en fut Maria Talario, une jeune fille de 17 ans, qui n'avait jamais connu Giuseppe ni sa famille. Elle traversait, en compagnie de sa grand-mère, le pont sous lequel on avait trouvé Giuseppe lorsqu'elle fut saisie d'un mal étrange, d'une sorte d'envoûtement qui la fit tomber à genoux et délirer. Aidée de sa grand-mère et d'un passant, elle réussit à rentrer chez elle. Mais, lorsqu'elle retrouva ses sens, elle n'était plus la Maria que l'on avait connue. Sa voix avait pris une curieuse tonalité masculine et elle prétendait être Giuseppe Verardi.
Le spectre de Giuseppe s'empara alors totalement de Maria. Il alla même jusqu'à écrire à sa mère, qui reconnut sans hésiter l'écriture de son fils. Le même soir, il força Maria à mimer une scène curieuse au cours de laquelle il revécut sa dernière nuit à Sieno. L'esprit qui possédait Maria feignait de boire et de jouer aux cartes, tout comme Giuseppe l'avait fait durant sa dernière soirée passée à Siano. L'esprit ingurgitait un verre de vin après l'autre, alors qu'il était bien connu que Maria ne buvait jamais plus d'un verre de vin aux repas. Puis, le spectre entreprit de mimer un combat qui l'avait opposé à son partenaire aux cartes et qui avait sans doute eu lieu sur le pont.
Le lendemain, la mère de Giuseppe vint rendre visite à Maria. Aussitôt l'entité la reconnut et lui décrivit les blessures qu'on avait trouvées sur son cadavre. Il donna aussi les noms de ses meurtriers - peu d'entre eux vivaient encore à Siano. Mme Verardi retourna ensuite chez elle où elle pria pour que l'esprit de son fils quitte le corps de Maria. Un peu plus tard le même jour, Maria s'engagea sur le pont fatal, toujours envoûtée par l'esprit de la victime. Elle en descendit, enleva ses vêtements et s'étendit par terre, exactement dans la position où l'on avait trouvé le corps de Giuseppe. Quelques minutes plus tard, lorsqu'elle revint à elle, Maria avait complètement oublié ce qui lui était arrivé.
En 1939, la presse fit grand bruit autour du retour des mânes de Giuseppe. Ernest Bozzano, un des plus grands spécialistes italiens de parapsychologie de l'époque, a étudié le cas, sur lequel il a publié une analyse en 1940.
Charles Berlitz, "Les phénomènes étranges du monde".